Kawasaki officialise son retrait du MotoGP 2009
Annoncé officieusement fin décembre, le départ de la quatrième structure d'usine du plateau MotoGP est aujourd'hui confirmé par le groupe Kawasaki. Une décision choc, sur fond de crise mondiale, qui oblige à reconsidérer l'avenir des sports mécaniques...
La rumeur allait bon train depuis le 29 décembre : alors que l'équipe et les budgets étaient verrouillés pour la saison 2009, Kawasaki exprimait aux organisateurs et à ses partenaires la possibilité de réviser séance tenante son implication en catégorie reine des Grands Prix moto (lire Moto-Net.Com du 31 décembre 2008).
Kawasaki officialise son retrait du MotoGP
La "crise" frappe aussi en 2009...
Un cruel rappel à l'ordre pour l'ensemble du paddock. Car si les médiocres résultats des pilotes cette saison (16ème et 18ème du classement) a forcément impacté la décision, le constructeur japonais impute naturellement ce soudain retrait à l'actuelle situation économique : "l'effet de la crise financière en cours sur l'économie mondiale est important et nous pensons qu'un certain temps sera nécessaire avant la reprise", explique ce matin Kawasaki Heavy Industries. "Nous avons dès lors jugé utile de revoir la répartition de nos ressources financières et nous avons décidé de renoncer à participer au MotoGP à partir de 2009", précise la marque avant d'ajouter que cette décision n'aurait pas incidence sur les programmes sportifs avec des motos de série (Superbike et Supersport mondial et national, Endurance, etc.).
Kawasaki en catégorie reine : un parcours semé d'embûches
Apparus pour la première fois en 500 cc en 1970, les Verts n'ont remporté que deux courses (1971 et 1975) avant de faire une pause durant deux saisons. Redevenue écurie officielle en 1980 avec le pilote sud-africain Kork Ballington, Kawasaki interrompt une nouvelle fois son programme sportif de 1983 à 2001 et effectue son "grand" retour en 2002, une fois le 4-Temps imposé à la catégorie reine. Pour autant, le quatre-cylindres en ligne nippon s'avère immédiatement violent et délicat à maîtriser. Et malgré de nombreux changements de pilotes au fil des saisons, Kawasaki ne montera jamais plus haut que sur la seconde marche du podium avec Olivier Jacque en Chine (lire Moto-Net.Com du 2 mai 2005) et Shinya Nakano à Assen (lire Moto-Net.Com du 26 juin 2006). La saison 2008 restera comme l'une des pires pour la marque, avec la piètre 16ème place finale de son pilote vedette John Hopkins et la 18ème et dernière place de l'australien Anthony West.
Après Honda en AMA Superbike et en Formule 1, puis Suzuki en Endurance mondiale (lire Moto-Net.Com du 11 décembre 2008), mais aussi en Rallye WRC, Kawasaki est donc à son tour contraint de baisser le pavillon, malgré un engagement écrit auprès de la Dorna qui court jusqu'à fin 2011. Un contrat qui obligerait, en toute logique, les Verts à régler de fortes indemnités aux organisateurs si aucune ZX RR ne s'alignait sur la grille...
Sans parler de celles à verser aux pilotes - dont l'essayeur français Olivier Jacque - et à tous les membres du team officiel, qui se retrouvent sur le carreau à moins de trois mois du lancement de la saison, et sans oublier les dépenses liées aux investissements effectués en 2008 - notamment la nouvelle "hospitality" du team - et au coût engendré par le développement et les premiers essais de la ZX RR 2009 (lire Moto-Net.Com du 29 novembre 2008 ).
Hervé Poncharal : "cette décision intervient trop tôt ou trop tard"
En clair, cette décision de Kawasaki étonne. Selon Hervé Poncharal, interrogé par Moto-Net.Com à la veille de l'annonce officielle, elle intervient trop tôt ou trop tard : "le retrait de Kawasaki est forcément un coup dur pour le MotoGP, qui perd ainsi l'un de ses cinq constructeurs", regrette le team manager de l'écurie Tech 3, par ailleurs président de l'IRTA (Association des teams en Grands Prix).
Kawasaki officialise son retrait du MotoGP
"Pourtant, cette décision me surprend car les constructeurs sont liés contractuellement à la Dorna jusqu'à fin 2011. En outre, rien dans l'attitude de l'équipe ne laissait envisager ce retrait : si cette décision était intervenue au mois d'août 2008 ou à la fin de la saison 2009, elle aurait été plus compréhensible, car aujourd'hui le gros des dépenses est déjà fait", s'interroge ainsi Hervé Poncharal qui reconnaît avoir été contacté par le manager de Marco Melandri, allant de désillusions en désillusions après sa décevante saison chez Ducati...
"Il sera peut-être envisagé des solutions intermédiaires, comme l'inscription de Kawasaki officielles gérées par des structures privées afin de réduire les coûts (lire Moto-Net.Com du 2 janvier 2009, NDLR)", poursuit Hervé Poncharal. Une hypothèse confirmée ce matin par le patron de Kawasaki Racing Team, Michael Bartholemy : "l'écurie officielle Kawasaki n'existe plus, mais nos prototypes ne vont pas rester au garage. On va travailler sur l'idée de les mettre dans une structure privée".
L'avenir de la catégorie reine est-il compromis ?
Avec deux pilotes qui se retrouvent sans guidon en 2009 (Hopkins pourrait être contraint de retourner en Superbike américain, tandis que Melandri aurait vainement tenté de se recaser au sein des teams satellites Honda), la grille MotoGP passerait de 19 à 17 inscrits. Ajouté au récent retrait d'importants sponsors (Wudy et Kerself pour Yamaha, Alice pour Ducati-Pramac), la MotoGP, à l'instar de l'ensemble des sports mécaniques, souffre et doit donc trouver des solutions pour assurer sa pérennité.
Kawasaki officialise son retrait du MotoGP Kawasaki officialise son retrait du MotoGP
Si ses promoteurs assurent que la situation n'est pas aussi grave qu'il n'y paraît, il n'empêche que le retrait d'une usine aussi importante que Kawasaki n'augure rien de bien positif pour l'avenir. Ainsi, une réunion de "crise" s'est déroulée au Japon avec l'ensemble des constructeurs, afin de trouver rapidement des mesures pour réduire les coûts en catégorie reine. Espérons désormais qu'il ne soit pas trop tard...