La surprise, c’est que BMW se lance de façon aussi agressive dans le secteur hypersport. Ce qui est moins surprenant, c’est que les solutions techniques adoptées par la marque allemande sur sa S 1000 RR sont exactement celles qui font le succès des japonaises. Exit le Telelever, oublié le flat-twin. BMW ne plaisante plus et veut modifier son image sur deux-roues, combler vingt ans de retard en gagnant des courses de vitesse. Pour preuve, le constructeur allemand a présenté son proto de Superbike avant même la version de série.
5 questions à Jean-Michel Cavret, directeur de BMW France
MJ: Pourquoi un tel virage à 180° ?
Jean-Michel Cavret : “D’un point de vue stratégique, BMW veut rééquilibrer l’auto et la moto qui sont regroupées sous le même logo. Dans un souci d’homogénéité, on réoriente nos voitures réputées sportives vers plus de confort et de sécurité, alors que nous voulons ajouter une image sportive à nos motos connues pour leurs qualités de routières et de voyageuses. Nous investissons un segment du marché où nous n’étions pas présents. Et cela demande logiquement des modèles sportifs.”
MJ: Quelle est la valeur ajoutée de cette moto par rapport à une japonaise ?
Jean-Michel Cavret : “La difficulté d’une marque premium est d’éviter les « me too products ». C’est cette démarche qui nous a conduit à commercialiser l’ABS, voici tout juste 20 ans. La S 1000 RR aura un système de traction control et ce modèle va nous permettre de nous mesurer directement à la concurrence.”
MJ: Pourquoi le Superbike plutôt que le MotoGP ?
Jean-Michel Cavret : “Il est dans la tradition de BMW d’engager en compétition des modèles auxquels nos clients peuvent s’identifier très clairement. Des motos proches de la série afin que la compétition fasse la promotion des modèles à vendre.”
MJ: 1000 motos en 2009, combien pour la France ?
Jean-Michel Cavret : “Nous avons toujours ce problème de loi des 100 chevaux mais nous aurons un ratio équivalent à celui de notre marché. Les volumes comme le prix ne sont pas définis, mais nous voulons être compétitifs car nous avons commis des erreurs en positionnant certaines motos à un tarif trop élevé.”
MJ: Seront-elles réservées en priorité aux béhèmistes ?
Jean-Michel Cavret : “Nous sommes dans une stratégie de conquête que nous estimons être de l’ordre de 90 %. Donc à part certains de nos clients déjà sportifs roulant en HP2 Sport par exemple, nous intéresserons de nouveaux clients.”